Colette Sonzogni – Artiste peintre, sculpteur

« Je veux montrer que les anonymes sont des gens intéressants avec des histoires et des évènements. »

Dans le précédent numéro, nous avons découvert Colette Sonzogni : artiste touche-à-tout et passionnée. Si la fibre artistique a toujours été en elle, Colette attendra sa majorité pour se diriger vers les beaux-arts et divers ateliers. Pour elle, l’art est avant tout une question de recherche et de patience : trouver le sujet qui l’intéresse et le transformer avec sa propre signature. Depuis quelques temps, l’artiste utilise ses pinceaux pour donner de la place aux anonymes. De l’enfant qui attend le train à la parisienne assise au café, chaque inconnu a son histoire. Carnet de croquis ou téléphone à la main, Colette capte ces petits moments et les dessine sur ses toiles. Changeant parfois le décor, le plus important pour elle, c’est le regard, l’émotion de ces quelques secondes volées.

Dans une société où les magazines peuvent faire la une de l’annonce d’une grossesse alors que ce n’est pas forcément un « événement » différent ni pour elle ni pour la majorité des femmes, Colette préfère justement mettre en avant cette majorité.

« Anonyme, ne crois pas que tu n’es personne » cette citation de Quentin Ladetto pourrait définir les derniers travaux de l’artiste. Nous avons tous une histoire particulière ou une aventure intéressante, mais pourtant personne n’est là pour l’écouter et, encore moins, pour la raconter. Ce n’est pas forcément que le talent qui fait la célébrité ; parfois un réseau de connaissances, un physique attirant ou encore une présence au bon moment au bon endroit suffisent à prendre la lumière de celui qui pourrait, en réalité, briller davantage. Généreuse dans la vie, altruiste et à l’écoute des autres, Colette nous ouvre les yeux et attise notre curiosité sur ceux qu’on ne regarderait pas en temps normal, enfoncés dans le cycle de nos vies. D’une discussion politique dans un bistrot à un échange dans les transports, tout peut être transformé en merveille grâce à la main unique et originale d’une artiste accomplie.

Depuis sa première exposition en 1971, l’artiste enchaine les succès et est, sans cesse, en action. Si ce ne sont pas ses mains, c’est son cerveau qui crée, dessine et décrypte le monde qui l’entoure. Sa mémoire photographique l’aide à se souvenir des détails, ceux qu’elle observe dans les arrêts de bus ou les halls de gare, lieux où tout le monde se croise un jour, chacun avec son histoire, son passé et l’émotion du moment.