Géraldine Courtes-Warrass

« Le changement passe par moi et se transforme quand je le peins »

Avec ses nouvelles œuvres, Géraldine Courtes-Warrass nous plonge dans un sujet philosophique aussi actuel que passionnant : « le bateau de Thésée ». En effet, dans la mythologie grecque, on parle de l’histoire de Thésée qui partit en mission sur son bateau ; au fur et à mesure du temps et des voyages, les pièces seront remplacées ou réparées. Pourtant, à son arrivée au port, personne n’a de doute : il s’agit bien de « son » bateau. Cependant des questions s’imposent : si toutes les parties d’un objet sont remplacées s’agit-il toujours du même objet ? Par transgression, ce paradoxe peut -il s’appliquer aux gens ? Notre identité est-elle renouvelée ou changée, reste-t-elle la même ou devient elle une autre ?

L’univers de réflexions dans lequel nous plonge cette artiste époustouflante par le biais de son triptyque est le même : l’homme évolue et avance ainsi au fur et à mesure de l’expérience du temps et de la vie se voit-il changé ou devient-il simplement autre ? (peut-on se voir de la même manière ?)

Géraldine tente de répondre à ces questions en intégrant le processus de changement qu’elle fait rejaillir dans ses œuvres.

Une pensée de vie très paradoxale lui permet de créer des œuvres qui poussent à l’interrogation par la représentation abstraite du sujet qu’elle suggère et l’affirmation de thème philosophique qu’ils soulèvent.

Une remise en question permanente la fait chavirer d’une émotion à l’autre. En effet, c’est en affrontant ses peurs qu’on trouve du courage et c’est de l’incertitude que nait la confiance. L’équilibre entre ces notions qui nous permettent de tenir droit sur le fil de la vie, elle le ressent bien plus fort que les autres. C’est ce qui l’inspire, debout devant sa toile blanche : l’angoisse de ne pas avoir d’idée, puis la première couleur, et enfin la fusion entre le conscient et le destin, entre l’idée d’origine et ce que ses mains lui indiquent de faire. C’est une danse harmonieuse entre les émotions et les gestes, les pensées et les couleurs, et puis la toile, celle qui raconte une histoire à laquelle nous restons accrochés, celle qui nous parle de l’Homme, sa recherche, son évolution et toutes les pièces et données que la vie a modifiées pour qu’il reste malgré tout lui-même, dans son essence.