Ksenia Milicevic – le surgissement d’une œuvre

Ksenia Milicevic – le surgissement d’une œuvre

Les simulacres de la nuit

Ayant déjà fait un passage au sein de notre magazine, Ksenia Milicevic, artiste peintre, revient pour nous en dire un peu plus sur sa création…

La première rencontre avec la couleur

C’était au printemps, je crois que je devais avoir autour de trois ans. Un jour, le portail du jardin de ma grande mère était ouvert et je suis sortie dans la rue. Après quelques maisons, j’ai vu un terrain vague. Il était couvert de fleurs sauvages de toutes les couleurs, bleu, jaune, rouge, blanc. C’était une stupéfaction ! Dans le jardin de ma mère, il n’y avait que du vert. À cet instant, les couleurs se sont inscrites dans ma mémoire comme une porte d’entrée dans un monde à faire…

La danse des formes

Les formes sont tout autour de nous, mais nous n’y faisons pas vraiment attention. Dans le premier film d’animation que j’ai vu, « Pégase », les formes se mettaient en mouvement, elles dansaient, virevoltaient, s’arrêtaient et recommençaient. J’ai compris que la forme était vivante.

La couleur et la forme racontent

C’était lors de la visite avec mes parents d’un monastère byzantin, couvert de superbes mosaïques, que j’ai vu à quel point la couleur et la forme vont beaucoup plus loin que leur simple existence. Elles communiquent entre elles… Mais à cette époque, elles ne spatialisaient pas encore, elles étaient plates. Cette compréhension prendra beaucoup plus de temps.

Ouverture au monde 

Palais Uffizi, Florence, la naissance de Venise de Botticelli. Je suis restée de très longues minutes, les pieds collés au sol, devant le tableau. Les personnages étaient détachés de la toile, ils flottaient dans l’espace. Le spectateur est littéralement aspiré dans cet espace énorme. À cet instant, il est inscrit dans l’événement. C’était la découverte de la spatialisation.

Encore une question 

Pour qui le monde s’ouvre-t-il, qui accueille-t-il dans son espace énorme ? À qui la toile raconte-t-elle son histoire ? Est-ce l’histoire du peintre, pour le peintre ? Pour qui dansent les formes ? Qui appelle la couleur ?

Bien sûr, pour le spectateur ! Le peintre ne peint pas ses joies et ses tristesses. Il ouvre l’espace au spectateur et il l’inclut dans le monde. C’est un jour au Louvre que je l’ai compris, un jour face au scribe de l’ancienne Égypte. Je regardais le monde dans le regard du scribe. L’œuvre d’art naît dans la distanciation de l’artiste par rapport à soi pour permettre au spectateur de terminer l’œuvre.

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