Matthieu Gauthier – Artiste peintre

« C’est spontané, il le faut, car le geste c’est de l’énergie et l’énergie c’est l’expression de la vie. »

Souvenez-vous de Matthieu Gauthier, peintre engagé qui partait d’une tâche pour nous émerveiller sur la beauté de la faune. Gorilles, lynx, Orang Outan, autant d’espèces qui font vivre les toiles de l’artiste pour attirer notre regard sur leur présence dans la liste délicate des espèces en voie d’extinction. Durant ce premier passage dans le numéro précédent, la rencontre avec ce jeune peintre fut riche en émotion, cette fois-ci, elle est toute autant chargée de ressentis, mais elle se dirige vers une autre espèce, tout aussi précieuse : la faune française menacée !

Comme toujours Matthieu fabrique son châssis, monte sa toile et l’encolle pour se laisser porter par son envie de créer. Rien n’est décidé à l’avance tout se fait sur l’instant, le corps et l’esprit chargés d’une envie de sensibiliser. À l’aide d’un mélange de peinture à l’huile et d’huile essentielle de lavande, un premier geste dépose la matière sur le support. Une première marque annonçant le début d’une chorégraphie mouvementée, qui à chaque frôlement permet d’entrevoir un loup, un lynx ou encore un ours.

Il explique : « Le processus comprend l’esprit, l’âme et le corps… L’âme est le véhicule de l’esprit et elle se matérialise par le corps. Dans ma manière de peindre, c’est pareil… Les premières couches sont diffuses pour représenter le côté impalpable de l’esprit. Petit à petit, je monte avec le médium, je réduis ma dilution pour former l’âme, véhicule ou première forme d’individualisation. Tout à la fin, je travaille avec un mélange d’huile plus empâté pour modeler la chair et le corps de ce que je veux représenter. Je mets de l’encens pour peindre et je peins avec un seul morceau de musique pour rester dans le même formol émotionnel. »

On ressent une forme de spiritualité dans les toiles criantes d’authenticité du peintre. Véritable messager de la nature, il tient à mettre son pinceau au service de cet environnement, beaucoup trop menacé par la main de l’Homme. Sa pratique est un rituel qui le conduit à l’abandon pour n’être qu’expression. Alors, on se laisse porter par la douceur des œuvres, une délicatesse qui nous conduit vers un constat plus puissant. C’est ainsi que l’on médite, que l’on débat et que notre esprit se voit chargé de questionnement…