Monique Rozanés – Artiste sculpteur

Dans la précédente édition, nous avons eu le plaisir de vous faire découvrir Monique Rozanés, une artiste pleine de vie dont les sculptures, uniques, ont parcouru le monde.

Aujourd’hui, cette femme énergique et pleine de vie, du haut de ses 86 ans, partage avec nous un peu plus de son intimité et de sa vie d’artiste. En effet, grâce à son expérience, elle a pu voir et vivre à des périodes et dans des endroits différents. Si certains d’entre nous rêvons de savoir à quoi ressemble la vie de quelqu’un qui n’a vécu que grâce et à travers l’art, Monique nous révèle quelques parties de son expérience.

Depuis petite, elle sait qu’elle veut devenir artiste. Elle prépare son plan d’études pour l’après-bac et impose son choix à son entourage en s’inscrivant à l’atelier Charpentier pour préparer l’École d’arts décoratifs de Paris. Elle teste les matières jusqu’à arriver à la sculpture. En 1980, elle représente la France au grand concours de sculpture à Alexandrie et remporte le prix face à 45 autres pays.

Si la vie d’artiste est pleine de rebondissements, Monique la croque à pleines dents. Avec une volonté de fer, de la rigueur, de la persévérance et surtout des créations uniques, elle arrive à trouver, dès 1967, des galeries qui l’exposent. Si, à notre époque, les artistes payent les galeries, quand Monique cherche à présenter ses œuvres les premières fois, ce sont les galeries qui choisissent les artistes sans demande de compensations financières. Être exposé est alors un privilège réservé aux meilleurs, mais qui garantit également un vrai suivi et un partage avec les galeristes. L’esprit de l’art est plus présent et les artistes mis en valeur pour leurs qualités et non pour leurs valeurs mercantiles.

Chaque voyage et chaque rencontre ont une influence sur son art. Mariée à une période avec un designer, elle épousera ensuite un célèbre peintre argentin avec qui elle s’installera à Buenos-Aires. Ensemble, ils vivent la vie d’artistes, exposent dans les ambassades et représentent la parfaite collaboration artistique. Son mari sera même ambassadeur en France. Après son décès, Monique, qui a déjà imposé son nom en Argentine, décide de retourner là-bas avant de déposer ses valises définitivement en France.

Elle qui a été précurseur dans le maniement de la résine, est toujours en avance sur son temps. Son art est contemporain et s’exporte à travers le monde. Sans aucune référence à d’autres artistes, Monique Rozanés apporte du nouveau et un souffle de fraicheur sur le monde de l’art et de la sculpture. Bien que la vie d’artiste soit semée d’embûches, elle vit aujourd’hui dans un intérieur moderne et se balade les cheveux au vent dans sa voiture décapotable. Avec sa joie de vivre et son envie d’apporter du beau au monde, il semble que le temps n’ait pas d’impact sur sa jeunesse éternelle.

« Inclassable et magique, telle est l’œuvre de Monique Rozanès. Est-elle peintre, sculpteur, designer ? La résine est pour elle ce que le bois est à Louise Nevelson, ce que le métal est à Albert Féraud, la corde ou le chiffon à Antoni Tàpies, quelques noms pris « presque » au hasard parmi toutes les recherches foisonnantes de l’art abstrait des années 1950- 1960. Chacun expérimente et trouve son langage. Il est temps aujourd’hui de replacer son œuvre à sa juste place, celle d’une grande artiste abstraite du vingtième siècle, à la démarche isolée, proche d’une abstraction lyrique teintée d’une approche architecturale imaginaire, qui a donné ses lettres de noblesse à la résine. » Ecrit Hélène Greiner, sur un livre rassemblant les œuvres de l’artiste.